RECONNAISSANCE DE L’APPORT D’ELTAHER
La lutte étonnante menée par Eltaher et ses efforts sans relâche lui ont mérité l’appréciation et la reconnaissance pour ses réalisations tout au long de sa vie et après sa mort. Les journaux, ainsi que les revues littéraires arabes, n’ont cessé de parler de lui jusqu’à présent. Eltaher a toujours été apprécié et respecté, car il était un homme d’une intégrité absolue, qui ne demandait jamais quoi que ce soit pour lui même et refusait de prendre de l’argent de n’importe qui afin de garder sa liberté de se prononcer et d’écrire en toute liberté. Alors que plusieurs parmi les personnalités politiques arabes étaient pro-Ottomans, pro-Britanniques, or pro-Français, ou même à leur solde, il n'en était pas question pour lui. Ceci l'a rendu assez génant pour les uns, mais certainement un personnage très populaire et une brise d'air frais pour la plupart. Il n’a quand même jamais hésité à aider ses amis et camarades et à obtenir des fonds pour eux auprès d’autres nationalistes aisés et connus comme patrons des bonnes causes, et ce sans jamais garder un sou pour lui-même ou sa famille.
Lorsque sa situation financière se détériora au cours des dernières années de sa vie, alors qu’il allait devenir octogénaire, il accepte après de longues hésitations que son ami de longue date le Président Habib Bourguiba défraie le loyer de son appartement à Beyrouth. Et comme c’est le cas de toutes célébrités qui ont leurs détracteurs, Eltaher n’a pas échappé à la règle, et s’est vu boudé par ceux qui avaient parti pris avec ses adversaires, ou par ceux qui ne voulaient rien savoir de lui, ou par ceux qui ont simplement imaginé des choses tout-à-fait fausses. Mais en fin de compte, la droiture morale et la sincérité l’emportent.
Lorsque, à son insu, le gouvernement du président Gamal Abdel-Nasser lui retira sa citoyenneté égyptienne en 1963, le roi Hassan II du Maroc n’a pas tardé à lui faire livrer un passeport marocain, ainsi qu’à toute sa famille. Une fois au pouvoir après le décès du président Nasser en 1970, le président Anouar Sadat leur a rétabli la citoyenneté égyptienne. C’est alors qu’amis et admirateurs d’Eltaher en Égypte purent mentionner son nom librement dans les médias sans craindre de le faire. Malgré sa renommée et sa célébrité, Eltaher n’avait effectivement obtenu la citoyenneté égyptienne qu’en avril 1950, c’est-à-dire 38 ans après son arrivée en Égypte, et pour cela même il a fallu soulever la question pendant une session du parlement égyptien.
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De droite à gauche: Anouar Sadat, Secrétaire général de la Conférence islamique mondiale et futur Président de l'Égypte; Salah El-Bezri, député au Parlement libanais; Mohamed Ali Eltaher; Medhat Fatfat, Ambassadeur du Liban en Égypte;
Émir Farid Chéhab, Directeur de la Sûreté générale du Liban; Younes Bahri, journaliste Iraquien et fondateur du programme de langue arabe à Radio Berlin pendant la Deuxième guerre mondiale – Beyrouth 1955 |
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Eltaher jouissait d’une relation particulièrement chaleureuse avec l’Égypte, où il était aimé par la population de tous les niveaux et par toutes les confessions religieuses, depuis les hauts responsables durant la période précédant le milieu des années cinquante, jusqu’aux simples citoyens du Caire, des provinces ou d’ailleurs en Égypte. Lorsque sa mère mourut en Palestine, le premier ministre Nahhas Pacha et son député Makram Ebeid Pacha allèrent en personne à son bureau le 5 mars 1936 pour lui présenter leurs condoléances.
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Le Premier ministre égyptien Mostafa El-Nahhas Pacha accueillant Eltaher lors d’une réception au palais Zaafaran au Caire en 1950. Les deux homme se rencontraient toujours de cette façon en signe d’intense amitié. |
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