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Mohamed Ali Eltaher
 

Biographie

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Pour illustrer davantage la brutalité de cet officier, il suffit de noter que, lorsque Madame Eltaher lui demanda le jour où elle fut emmenée en prison de remettre aux voisins le canari que la famille gardait comme animal domestique dans son appartement afin que le petit oiseau ne crève pas de faim et de soif, le vaillant officier refusa la requête. Elle finit par abandonner le canari dans l’escalier en espérant qu’un voisin en prenne charge et s’occuper du petit oiseau orphelin!

Lorsque Madame Eltaher fut emmenée à la Prison des étrangers dans le “box” (la fourgonnette) de la police, le directeur de la prison, un certain Monsieur Hickman, d’origine maltaise, l’a bien accueillie et s’est excusé de devoir jouer au gardien à l’endroit d’une dame respectable comme elle. Pendant ses quelques journées d’incarcération dans son établissement, le directeur partageait avec elle les quelques revues anglaises auxquelles son épouse était abonnée. Lorsque d’autres prisonniers politiques, notamment le célèbre nationaliste égyptien Ahmad Hussein, qui était ‘caché’ par les autorités dans la Prison des étrangers pour que ses supporters ne sachent pas où il avait été emprisonné, lorsqu’ils ont vu Madame Eltaher, qu’ils connaissaient tous, limogée dans la même prison qu’eux, ils se sont révoltés et ont menacé de déclarer une grève de la faim si elle n’était pas libérée.

Avant son incarcération, le colonel Mohamed Youssef avait ordonné au médecin de la police de lui faire faire un lavage gastrique parce qu’il soupçonnait qu’elle aurait pu avaler un morceau de papier sur lequel était inscrite l’adresse du refuge de son époux évadé. Mais le médecin avait refusé d’obtempérer en disant que c’était une intervention pratiquée sur les criminels et les contrebandiers, et qu’il était inacceptable d’agir ainsi dans le cas d’une dame respectable.

Lorsque le colonel Mohamed Youssef se trouva dans l’impossibilité de capturer Eltaher après son évasion de prison, et vu l’incapacité du ministère de l’Intérieur à le rattraper, le gouvernement a donc procédé à l’expulsion de son épouse d’Égypte en octobre 1941, en pleine guerre mondiale, et ce afin d’obliger son époux à se rendre aux autorités. Son expulsion était fondée sur le prétexte qu’elle était une étrangère indésirable. Elle fut emmenée sous escorte policière depuis son appartement jusqu’à la gare du Caire, et mise dans un train militaire britannique qui l’emmena à Lydda (aujourd’hui Lod), en Palestine. Madame Eltaher détenait en effet un passeport Français issu par les autorités mandataires (un terme poli signifiant puissance d’occupation) françaises au Liban. Après avoir passé une semaine en Palestine, elle poursuivit sa route vers le Liban, où elle demeura avec de proches parents en attendant la résolution de la situation de son mari toujours fugitif en Égypte.

Alors qu’elle était dans le train militaire, Mme. Eltaher s’est trouvé assignée une place dans la section réservée aux officiers dans le train. Alors que celui-ci roulait à toute vitesse, mais sans lumières, de peur que les bombardiers allemands ne le prennent pour cible dans la zone du Canal de Suez, deux soldats se sont querellés quelque part dans le même wagon où Mmr. Eltaher était. Elle raconta cette histoire à plusieurs reprises à ses enfants ainsi qu’à quelques amis, en ajoutant que dans l’obscurité totale un des soldats lança une insulte vulgaire à l’autre. Tout d’un coup tous les officiers dans le compartiment, qui étaient essentiellement des Anglais et des Australiens,  rétorquèrent indignés « soyez honteux, il y a une dame ici, et vous devez venir immédiatement vous excuser auprès d’elle ! » Mme. Eltaher était bien émue, mais en même temps amusée, lorsque les deux soldats en question se présentèrent devant elle. Ils se sont mis au garde-à-vous tout en arborant un salut militaire et le coupable s’excusa : « I am sorry, Ma’am ! »

Le passeport de Mme. Eltaher délivré en 1940 par la France en tant que puissance mandataire au Liban
 
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