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Mohamed Ali Eltaher
 

Biographie

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ANNEXE 5

ALI AHMED BAKATHIR

L'écrivain Ali Ahmed Bakathir était un des dramaturges les plus doués de l'Égypte dans les années quarante et cinquante. Il vient d'Indonésie, mais il était originaire du Hadramout au Sud Yémen. Une large communauté de commerçants Arabes du Hadramout au Sud Yémen avait émigré en Indonésie et s’y est installée pendant de longues années. Et c’était grâce à ces commerçants que l’Islam s’est propagé dans ses contrées lointaines. Parmi ses œuvres théâtrales bien connues on peut citer "Le bouffon du caliphe" qui fût interprétée sur la scène de l'Opéra royal du Caire en 1954 et "Le clou du hodja" qui elle aussi fût interprétée à l'Opéra en 1955. L’épouse de Bakathir et son fils adoptif Faouzi visitaient les Eltahers et vice-versa.

Une aventure surprenante lie Bakathir à Eltaher lorsque ce dernier s'était évadé de prison et se cachait un peu partout en Égypte entre 1940 et 1941. Leur amitié remonte à 1933 lorsque Bakathir a débarqué en Égypte venant d’Indonésie via le Hedjaz et son pays d’origine le Hadramout afin de poursuivre ses études. If fût admis à l’Université du Caire de laquelle il a obtenu une Licence en lettres. Il a ensuite poursuivit des études à l’École normale d’où il a décroché un diplôme d’enseignant. Lorsqu’il a voulut retourner dans son pays natal, l’Indonésie, après avoir terminé ses études, la seconde guerre mondiale a éclaté et la route vers l’extrême orient fût coupée.

Incapable de voyager, il est resté en Égypte et travailla dans l’enseignement tout en écrivant des romans historiques et littéraires réussis. À chaque concours qu’il participait par exemple pour romans ou pièces théâtrales annoncé par le Ministère de l’éducation ou par un des organismes culturels il gagnait le prix du concours avec recommandation pour l’impression de son œuvre. Sa prouesse intellectuelle s’est manifestée particulièrement en 1947 lorsque le Ministère des affaires sociales a lancé un concours pour six romans sur des thèmes différents. Une prime importante fût allouée aux gagnants. Cinq cent romans furent soumis. Lorsque le comité de sélection a examiné cette montagne de romans, il a choisi six d’entre elles comme finalistes. Et lorsque les enveloppes contenant les noms des auteurs ont été ouverts le nom de Bakathir apparu en conjonction avec deux romans, ce qui était une victoire incomparable. Voulant le taquiner, un journal a commenté sur son exploit en demandant au gouvernement de l’interdir de participer à aucun concours…

Bakathir au secours d’un évadé de prison

Un an après la déclaration de la seconde guerre mondiale, les autorités britanniques en Égypte ont signifié aux autorités égyptiennes leur désir de voir Eltaher arrêté et emprisonné tel que mentionné auparavant dans la section Biographie, et ce à cause des articles qu’il écrivait et qu’il faisait publier contre la présence coloniale britannique en Égypte et au Proche orient ; ainsi que la présence coloniale française en Afrique du nord dans la Grande Syrie ; l’occupation néerlandaise en Indonésie, et l’occupation italienne en Lybie. Les Anglais ne ce sont pas plaints des écrits d’Eltaher contre l’ennemie de la Grande Bretagne, l’Italie fasciste, qui occupait la Libye, puisque celle-ci s’était alliée avec le régime Nazi en Allemagne !

Lorsqu’Eltaher s’est évadé de l’hôpital de la prison, il s’était déguisé en prélat des provinces égyptiennes et se déplaçait constamment entre diverses régions du pays. Parmi les villes où il a demeuré en déguisement plus que d’autres était la ville de Mansourah de renommée historique.

Un soir pendant qu’il marchait dans une des ruelles de la ville Eltaher fût étonné d’apercevoir son ami Ali Ahmed Bakathir passer devant lui. Il a donc suivi à distance pour un certain bout de temps puis l’a accosté et a posé sa main sur son épaule. Naturellement Bakathir s’est rapidement retourné surpris, mais lorsqu’Eltaher l’a salué Bakathir a immédiatement reconnu sa voix. Les deux hommes ont continué le trajet ensemble pendant qu’Eltaher lui racontait les péripéties de son aventure. Arrivés à la demeure de Bakathir, celui-ci a partagé lui aussi son histoire avec Eltaher, néanmoins qu’il avait été embauché comme professeur de langue anglaise à l’école secondaire Al-Rachad suite à l’impossibilité de communiquer avec les siens en Indonésie. Il lui a indiqué qu’il vivait à Mansourah depuis quelques mois et qu’il n’habitait pas tout seul dans cette demeure, car il s’était marié entretemps, et qu’une des parentes de son épouse partageait l’appartement avec le couple.

Le lendemain Bakathir s’est attelé à la tâche de trouver un appartement convenable pour Eltaher qui soit convenable pour abriter un fugitif qui se cachait des agents collaborant avec les autorités britanniques jusqu’à nouvel ordre. Bakathir réussit à trouver un petit appartement jouissant des conditions requises dans une petite ruelle au quartier « Mit Hadar ». Le bail de location fût rédigé au nom d’emprunt adopté par Eltaher mais sous la garantie de Bakathir. Si ce n’était pour ce dernier et son emploi, Eltaher aurait eu du mal à trouver une demeure.

Bakathir et Eltaher en 1942 à Mansourah devant le pont de Talkha

Pendant cette période un accident retentissant a eu lieu en Égypte lorsque l’avion qui transportait le Maréchal Aziz Ali El-Masri Pacha s’est écrasé à Kalioub au nord du Caire. Aziz Pacha était connu comme étant opposé à l’occupation britannique en Égypte, et les britanniques le considéraient comme étant un sympathisant des Nazis. Les Anglais le suspectaient de vouloir atteindre les forces allemandes qui avaient atteint les frontières égyptiennes dans le désert occidental lorsque son avion s’est écrasé. La récompense mise sur sa tête ainsi que ces deux complices le pilote Abdel-Monem Abdel-Raouf et le copilote Hussein Zulfikar Sabri par le gouvernement égyptien et qui s’élevait à cinq cent livres égyptiennes était particulièrement alléchante en ces temps pour attirer pas mal de chasseurs.

Tous ces évènements n’ont pas échappé à l’attention d’Eltaher, surtout qu’on pourrait le suspecter d’être Aziz Pacha. Il a donc passé sans délai à l’action. Il emballa tous ses habits et livres et quitta sa maison pour se rendre chez Bakathir. Il lui raconta l’histoire et laissa ses effets ainsi que les clefs de son appartement chez lui, et lui recommanda de ne pas fréquenter la région, car si quelque chose se passait la police viendra certainement chez lui à la recherche d’Eltaher selon son nom d’emprunt. La police se sera enquêtée à son sujet auprès du propriétaire de l’appartement qui leur dira qu’il ne connaissait pas grand-chose, sauf qu’il avait loué l’appartement par l’entremise de Bakathir. Il a demandé donc à Bakathir, que si la police frappait à sa porte, il n’aura qu’à leur dire que le monsieur était allé chercher sa famille au Caire, sans qu’il leur dise qu’il avait laissé les clefs chez lui. Eltaher parti aussitôt, mais non pas au Caire. Il s’est rendu à Domyat (Damiette), puis à Tanta, puis à Alexandrie, puis à Banha, et finalement à Zakazik. Trois jours plus tard il est rentré à Mansourah. Il épia Bakathir non loin de sa maison jusqu’à ce qu’il l’eut aperçu. Ce dernier l’a rassuré que rien ne s’est passé pendant son absence, et que personne n’a demandé après lui.

Bakathir en mission dangereuse au Caire

Mme. Eltaher continuait à vivre dans son appartement de la rue Choubrah au Caire pendant l’évasion de son mari, elle était néanmoins sous surveillance continue, et les agents de la filature égyptiens dont les chefs travaillaient pour le compte des Anglais au sein de la police, de la Branche spéciale et de la Direction des affaires arabes la suivaient partout de jour comme de nuit. Malgré tout cela elle était toujours le centre de contact entre son mari dans son cachot et les nationalistes ainsi que les gens de bonne volonté en Égypte et dans le monde Arabe. Un jour Eltaher demanda à Bakathir de se rendre au Caire pour remettre une lettre à son épouse. Bakathir ne s’est pas laissé prier, et partit au Caire avec la lettre dans sa poche.

Mais avant son départ les deux hommes avaient planifié les détails de cette mission : Une fois arrivé à l’immeuble habité par Mme. Eltaher il devait prendre l’escalier jusqu’au cinquième étage tout en évitant l’ascenseur afin que le portier ne l’accompagne pas. Il ne devait pas demander au portier où se trouvait l’appartement d’Eltaher afin que le détective assis à l’entrée de l’immeuble ne l’entende et devient suspicieux. Et si jamais quelqu’un lui demandait quel appartement il cherchait, il devait dire qu’il se dirigeait vers l’appartement de M. Abbas Gamgoum, qui était le voisin d’Eltaher. M. Gamgoum et son épouse Néfissa, qui étaient les voisins de palier d’Eltaher savaient tout de son évasion de prison. Bakathir devait aussi faire de façon que son arrivée dans l’immeuble soit de façon à refléter quelqu’un qui était familier avec l’immeuble et ses entrées afin d’éviter toutes suspicions, etc. Finalement Eltaher lui expliqua que M. Gamgoum sera très craintif, suspicieux et réservé, et qu’il niera avoir aucune relation avec la famille Eltaher.

La rencontre et la remise de la lettre

Bakathir sonna à la porte de M. Gamgoum avoisinant la sienne. Celui-ci a ouvert la porte et a invité cet inconnu, au visage rassurant, à entrer au salon sans rien savoir de la raison de sa visite. Lorsqu’ils furent assis Gamgoum lui a demandé quel service pourrait-il lui rendre. Bakathir commença par prononcer certaines paroles et histoires que seulement M. Gamgoum et Eltaher pouvaient connaitre. Mais M. Gamgoum demeura quand-même réservé. Éventuellement Bakathir fit sortir la lettre portant le nom de Mme. Eltaher de sa poche, lui montra qu’elle était rédigée par Eltaher, ce que M. Gamgoum a immédiatement reconnu, et lui demanda de la faire remettre par l’entremise de son épouse. Ce n’est qu’à ce point que M. Gamgoum se sentit rassuré.

Son épouse est donc allée aviser Mme. Eltaher dans son appartement qu’un émissaire de la part de son époux était chez eux. Mme. Eltaher a donc accouru chez les Gamgoums et reconnu Bakathir sur le champ. Elle prit possession de la lettre et appris de lui pas mal de choses sur son époux. Sa joie était suprême car elle n’avait aucune nouvelle de lui depuis deux mois. Il est à signaler que les autorités britanniques s’imaginaient qu’Eltaher s’était enfui secrètement au Liban ou en Palestine, elles ont donc dépêché des agents qui sont allés perquisitionner les maisons de parents et d’amis d’Eltaher dans ces pays, sans ce rendre compte qu’il n’avait même pas quitté l’Égypte !

Eltaher cache ses papiers chez Bakathir

Eltaher a réalisé un jour qu’il avait trop de papiers sur lesquels il avait noté des observations et des mémoires, il a donc pensé qu’il fallait les mettre à l’abri loin de lui. Mais qui avait le courage de prendre la responsabilité de cacher ces « scorpions » comme il les avait décrits pendant qu’ils avaient selon lui la même valeur que son âme comme il l’a décrit dans son livre « Zalam El-Segn ». Finalement il a eu recours à une ruse qu’il avait lue dans un roman américain. Il s’est donc acheté une image avec son cadre représentant un village européen. Il démonta le verre du cadre, disposa de l’image et y substitua avec celle d’une belle bédouine qu’il avait découpée d’une revue. Il a ensuite inséré les papiers qu’il voulait cacher entre l’image et le carton qui l’a tient en place du côté opposé, et remis le tout en place avant de l’accrocher de nouveau sur le mur.

Ceci n’était naturellement pas suffisant, car si la police réussissait à trouver Eltaher elle procèdera à confisquer tout ce qu’il avait dans sa chambre dont l’image. C’est-à-dire que l’image sera toujours en danger que la police la laisse ou la prenne. Eltaher s’est rendu compte que chaque fois Bakathir lui rendait visite il s’attardait devant l’image et la regardait de près, jusqu’à ce qu’un jour Bakathir lui demanda directement s’il pouvait la lui donner. Eltaher ne s’est pas fait prier et la lui offrit. Ainsi Bakathir pris l’image chez lui et l’accrocha sur le mur de son bureau sans avoir aucune idée quant au trésor qu’elle cachait !

Les jours passèrent mais Eltaher visitait Bakathir plus souvent qu’avant afin de s’assurer que l’image est en sécurité. Bakathir lui en parlait beaucoup surtout de sa beauté et son effet sur lui et ses visiteurs, qui l’admiraient de près malgré le fait qu’elle n’était en fin de compte qu’une coupure d’une revue et sans valeur artistique intrinsèque. Mais pour le malheur d’Eltaher les visiteurs en étaient pris d’elle. Un de ces jours Bakathir demanda à Eltaher la permission d’offrir l’image à un ami qui ne cessait d’essayer d’y mettre la main. Devant cette situation Eltaher se trouva obligé de confier son secret à Bakathir et le fait que l’image en fin de compte cachait un trésor.

Combien ne fût-ce l’étonnement de Bakathir lorsqu’il a appris ce que contenait le cadre de l’image. Depuis ce jour il ne permettait à personne de l’enlever de son perchoir. Et lorsque les admirateurs se sont multipliés il l’a simplement décrochée et cachée dans une boite contenant des livres afin de la soustraire à l’envie des curieux qui jouissent d’un bon goût artistique, et dont la prouesse quant à reconnaitre la valeur des tableaux ne s’est manifestée que le jour où Mohamed Ali Eltaher a décidé de cacher ses papiers importants à l’intérieur du cadre de cette image !

 
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