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LES IMPRESSIONS D’UN JEUNE ELTAHER
À LA VUE D’UN AVION POUR
LA PREMIÈRE FOIS DANS SA VIE*
Comment puis-je oublier le premier avion que j’ai jamais vu en tant que jeune gosse, et que c’était malheureux de voir cet avion s’abimer dans la mer devant moi, tuant ceux qui étaient à bord. Vers la fin de 1913 le gouvernement ottoman voulait solidifier sa position devant la population turque de même que par rapport aux autres pays aussi, surtout après le vol réussi effectué par le pilote français Jules Védrines de Paris à Beyrouth, puis vers Le Caire. À cette époque la France avait pu attirer l’admiration de ses partisans au Liban, qui étaient bien impressionnés par sa prouesse technique et sa puissance militaire. Donc il serait bien facile de s’imaginer comment cet évènement s’est vu enregistré and les yeux des peuples d’Orient!
Le succès des Français suivi de l’accident de l’appareil turc encouragea le gouvernement ottoman à expédier un autre avion d’Istanbul vers Le Caire, mais il s’est abîmé lui aussi avec ses deux jeunes pilotes Fethi et Sadik proche du lac de Tibériade en Palestine. Un autre avion piloté par Nuri Bey et un copilote fut dépêché, mais celui-ci est arrivé sain et sauf à Jaffa. J’étais là ce jour lorsqu’ils ont atterrit sur les sables dans la banlieue de la ville, où Tel Aviv fut construite plusieurs années plus tard. Tout le monde balayait l’horizon avec des yeux grands ouverts jusqu’à ce que nous ayons aperçu ce qui ressemblait à un oiseau sur l’horizon qui grandissait tout en s’approchant, jusqu’à ce qu’il est devenu aussi grand qu’un navire au dessus de nous. Les gens, dont moi, rassemblés pour l’occasion étaient épatés par ce que nous avions vu. L’avion a commencé sa descente graduelle jusqu’à ce qu’il s’arrêta sur le sable blanc. C’est alors que les masses se sont ruées vers ce qui était un conte de fées et qui est devenu une réalité.
J’ai pu toucher la combinaison de vol de Nuri Bey, et j’ai même caressé l’aile de l’appareil avec ma main. L’aile était faite en bois et couverte d’une mince couche de cuir. C’est à ce moment que j’ai pu croire que les humains peuvent voler comme des oiseaux, sans que ni moi ni ceux qui ont inventé les avions eurent le moindre soupçon que cette invention magique deviendra entre les mains des puissances impérialistes un instrument de mort et de destruction qui servira à détruire les pays de gens paisibles.
Le lendemain toute la ville de Jaffa s’est empressée pour aller dire au revoir à cet avion qui devait rejoindre Jérusalem, puis Le Caire. Mais une fois qu’il eut décollé prenant la direction de l’est vers la ville sainte, l’avion est tombé dans la mer. Cette catastrophe a laissé un profond effet de tristesse sur les gens qui étaient là. Ce qui s’est passé là ne s’effacera jamais de notre imagination pendant toute notre vie.
*Adapté du livre de Mohamed Ali Eltaher intitulé “Zalam El-Segn” publié au Caire en 1951. |
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